Heures Johanniques              Jérémie 32.1-15              Mai 1996
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[Les "heures johanniques" sont proposées pour soutenir une
recherche de Dieu dans le silence et la prière, même dans la vie
quotidienne. Il s'agit de prendre un moment pour lire en silence le
texte biblique suggéré, accompagné du bref commentaire et des
questions. On peut se réunir ensuite en petits groupes de 3 à 10
personnes chez l'un ou l'autre des participants, pour un bref
partage de ce que chacun a découvert, avec éventuellement un temps
de prière.] 

Détenu dans la cour de garde du palais royal de Jérusalem, ville
elle-même encerclée par des armées ennemies, Jérémie se trouve dans
une situation doublement désespérée. Et c'est dans cette situation
qu'il achète, en bonne et due forme, un champ à son cousin. Que
signifie ce geste symbolique? 

Le prophète est en prison parce qu'il a parlé clairement. Dix ans
plus tôt, Nabuchodonosor, roi de Babylone, avait pris Jérusalem.
Sans la détruire, il s'était contenté d'y installer un roi vassal,
Sédécias, dont parle notre texte. Celui-ci, après avoir régné huit
ans, jugea les circonstances favorables pour secouer le joug
étranger. Il ne pouvait donc pas laisser en liberté Jérémie qui,
dès le début de son règne, avait dit: "Placez votre cou sous le
joug du roi de Babylone." (27.12) 

Et pourquoi Jérémie avait-il parlé ainsi? Il devait dire et répéter
ces paroles car Dieu lui avait fait comprendre la gravité de la
situation. Il disait de ceux qui refusaient de regarder les choses
en face: "Ils pansent à la légère la blessure de mon peuple. Ils
disent: "Paix! Paix!" alors qu'il n'y a pas de paix" (6.14).
Jérémie a été enfermé parce qu'il a dit au roi et au peuple que la
crise était radicale. Il ne servait à rien de s'accrocher aux
piliers qui croulaient: ni la royauté davidique, ni le Temple ne
seront plus. 

Mais Jérémie, le seul qui ose appeler les choses par leur nom, est
aussi le seul qui a une espérance sûre. Il la tient de Dieu: "Je
sais les desseins que je forme pour vous, desseins de paix et non
de malheur, pour vous donner un avenir et une espérance." (29.11)
Alors, quand plus personne n'est intéressé au marché immobilier
parce qu'on a perdu confiance dans l'avenir, Jérémie acquiert,
fidèle à l'appel de Dieu, le champ que son cousin lui propose. Ce
geste prophétique dessine un avenir au-delà de ce qui semblait être
la fin de tout: "Ainsi parle le Seigneur: On achètera encore des
maisons, des champs et des vignes en ce pays." (32.15) 

      D'où vient la confiance de Jérémie en l'avenir de son peuple?
      Qu'est-ce qui nous rend capables de discerner avec lucidité
      les situations graves, et en même temps d'envisager l'avenir
      avec confiance? 
      Par quels gestes concrets pouvons-nous exprimer aujourd'hui
      notre certitude dans un avenir donné par Dieu? 



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